Congé pour reprise du logement : quels justificatifs est-on en droit d’exiger ?

Le congé pour reprise du logement est une procédure bien encadrée par la législation française. Lorsqu’un propriétaire souhaite récupérer un bien loué pour l’occuper lui-même ou le mettre à disposition d’un proche, il doit répondre à des critères stricts. Ces obligations visent à protéger les locataires d’éventuels abus et à garantir que la reprise est fondée sur un besoin légitime, réel et vérifiable.

Les mentions obligatoires dans un congé pour reprise

La reprise d’un logement loué ne peut se faire sans le respect scrupuleux de l’article 15 de la loi n°89-462 du 6 juillet 1989. Le propriétaire doit notifier au locataire un congé formel, au moins six mois avant le terme du bail pour une location vide, et trois mois pour une location meublée. Cette lettre de congé, envoyée en recommandé avec accusé de réception ou via acte d’huissier, doit impérativement contenir les éléments suivants :

  • Le motif du congé : en l’occurrence une reprise pour occupation personnelle ou par un proche
  • Le nom et l’adresse du bénéficiaire de la reprise
  • Le lien de parenté éventuel avec le propriétaire
  • La mention du caractère réel et sérieux de la reprise

Depuis 2024, cette lettre doit également être accompagnée d’une notice d’information précisant les droits du locataire, les voies de recours et les obligations du bailleur. Cette exigence s’applique aussi bien aux logements vides qu’aux meublés. Vous pouvez consulter un exemple de contenu exigé sur le site de La Gestion en Ligne.

Qui peut bénéficier de la reprise ?

Le droit de reprise pour loger un proche est limité à une liste précise de bénéficiaires. Selon la loi :

  • Le propriétaire lui-même
  • Son conjoint, partenaire de PACS, ou concubin (relatif à une vie commune prouvée d’au moins un an à la date du congé)
  • Ses enfants ou petits-enfants
  • Ses parents ou grands-parents
  • Les ascendants ou descendants de son conjoint, partenaire ou concubin

Tout manquement à cette liste peut entraîner la nullité du congé. Le lien de parenté doit être explicitement mentionné dans la notification envoyée au locataire.

Quels justificatifs peuvent être exigés ?

Pour que le congé soit valide, la justification du caractère réel et sérieux de la reprise est capitale. En pratique, cela signifie que le bailleur doit démontrer une intention sincère d’occuper ou de faire occuper le logement. Les tribunaux s’appuient notamment sur les documents suivants :

Justificatifs admis par la jurisprudence

Type de preuve Exemples
Administratives Inscription sur les listes électorales, contrats d’abonnement eau/gaz/électricité, déclaration du nouveau domicile auprès des impôts
Matérielles Attestations de travaux, factures datées après le départ du locataire, changement de boîte aux lettres, mise en place de meubles
Autres Courriels d’installation de ligne Internet ou témoignages de voisins

En 2023, la Cour de cassation a rappelé que des éléments postérieurs à la délivrance du congé pouvaient être utilisés en justice pour prouver la bonne foi du propriétaire. Cette décision constitue une référence pour les procédures ultérieures (source).

Motifs les plus souvent retenus par les juges

Certains contextes sont fréquemment considérés comme légitimes par les tribunaux. Voici une sélection de situations admises :

  • Le logement est devenu trop petit suite à une évolution familiale (naissance, garde alternée, etc.)
  • Départ à la retraite dans une autre région et retour dans une commune d’origine
  • L’enfant du propriétaire débute des études supérieures dans la ville où se trouve le logement

Chaque cas est examiné au regard des pièces apportées. Une documentation solide reste le meilleur moyen d’éviter une contestation en justice.

Quels risques pour une reprise abusive ?

Lorsqu’un locataire estime que la reprise invoquée par le propriétaire était simulée, il peut saisir le tribunal judiciaire. Si la mauvaise foi du bailleur est avérée, plusieurs sanctions sont possibles :

  • La remise en location au locataire si celui-ci est encore en capacité de reprendre les lieux
  • Des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi
  • Une amende en cas de manœuvre frauduleuse (jusqu’à plusieurs milliers d’euros selon les profils)

La charge de la preuve peut s’inverser en cas de soupçon sérieux. Le propriétaire devra alors démontrer qu’il a réellement repris le logement pour l’usage annoncé.

Un encadrement à anticiper pour éviter les litiges

Dans le contexte actuel où la pression locative s’intensifie dans les zones tendues, les contrôles de validité des congés délivrés sont plus fréquents. Les locataires sont de mieux en mieux informés de leurs droits, parfois via des plateformes spécialisées.

Les bailleurs peuvent aussi se retrouver confrontés à des enjeux différents lorsqu’il s’agit d’un bien loué meublé. Il est utile, dans ce cas, de se pencher sur les différences spécifiques entre un congé pour reprise et une vente du logement en meublé. Nous avons d’ailleurs consacré un article dédié à ce sujet, accessible ici : donner congé à un locataire en location meublée.

Pour éviter une contestation en justice ou un allongement inutile de la procédure, chaque information doit pouvoir être corroborée. Car donner congé pour reprise ne se limite pas à adresser une lettre : c’est un acte juridique qui oblige à la cohérence et à la transparence.

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LaRedac
Rédaction du site locama immobilier. Nos articles sont choisi par des passionnés de l'immobilier. La rédaction s'appuie sur des textes de loi, des références officielles ainsi que l'intelligence artificielle pour rédiger les articles du blog.

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