Travaux pendant le bail : puis-je demander une réduction de loyer si le logement est inutilisable ?

Travaux pendant le bail : puis-je demander une réduction de loyer si le logement est inutilisable ?
©Locama | Illustration des travaux pendant un bail rendant le logement partiellement inutilisable (image assistée par IA)

Lorsqu’un logement loué fait l’objet de travaux, les désagréments peuvent fortement impacter le quotidien du locataire. Si ces travaux rendent le bien partiellement ou totalement inhabitable, la question d’une réduction de loyer se pose rapidement. Que prévoit la loi française dans ces situations, et quelles démarches sont à engager pour faire valoir ses droits ?

Seuil légal : à partir de 21 jours, une réduction est possible

L’article 1724 du Code civil encadre précisément les rapports entre locataire et propriétaire lors de travaux en cours de bail. Si les travaux imposés par le bailleur durent plus de 21 jours, le locataire peut légalement exiger une réduction de loyer. Le texte stipule que cette diminution doit être calculée en proportion du temps et de la partie du logement dont le locataire a été privé.

Cette période de 21 jours constitue un seuil déterminant : en dessous, le bailleur n’est pas contraint à une compensation, sauf cas d’accord à l’amiable. Au-dessus, l’indemnisation devient obligatoire, sauf en cas de faute du locataire ou de travaux décidés de son plein gré.

Lorsque le logement devient inutilisable

La loi ne s’arrête pas à la simple durée des travaux. Elle prend aussi en compte leur impact sur l’usage normal du logement. Lorsque l’espace de vie devient impropre à l’habitation — que ce soit par l’indisponibilité des pièces essentielles (salle d’eau, cuisine, chambres) ou par une exposition prolongée au bruit, à la poussière ou à l’absence de chauffage — le locataire peut aller jusqu’à demander la résiliation du bail.

Cette possibilité, également prévue par l’article 1724 du Code civil, s’active quand les travaux ont pour effet de priver les occupants d’une jouissance normale du bien.

Réduction de loyer : comment la calculer ?

La baisse du loyer n’est pas automatique, mais elle doit être mesurée objectivement. Deux variables sont généralement prises en compte :

  • la durée effective des travaux dépassant les 21 jours
  • la surface du logement impactée par lesdits travaux

Par exemple, si une rénovation affecte totalement la salle de bain (10 m²) d’un logement de 50 m² pendant 30 jours, une réduction de 20 % du loyer mensuel pourrait être envisagée sur cette période.

Période de travaux Surface impactée Réduction potentielle du loyer
30 jours 10 m² sur 50 m² 20 % du loyer mensuel
45 jours cuisine + salle de bain (20 m² sur 60) 33 % du loyer mensuel
60 jours 50 % de l’appartement 50 % du loyer mensuel

Il est à noter que la réduction ne concerne que le loyer principal. Les charges locatives, elles, restent dues, sauf mention contraire dans le bail initial.

Si les travaux se font à l’extérieur du logement

Les travaux ne doivent pas nécessairement avoir lieu dans le logement même pour ouvrir droit à compensation. Des interventions dans les parties communes, comme le ravalement de façade, l’installation d’un ascenseur ou le remplacement d’une toiture, peuvent impacter la jouissance normale du logement (bruits, vibrations, obstruction de la lumière naturelle).

Dans ces cas, une demande de réduction temporaire du loyer peut aussi être formulée, à condition de démontrer que les désagréments vont au-delà de simples nuisances tolérables.

Modalités de notification par le bailleur

Les travaux doivent être annoncés officiellement par le bailleur. Cela concerne aussi bien les interventions urgentes que les améliorations planifiées. La notification doit être faite par écrit, soit par lettre recommandée avec accusé de réception, soit par remise en main propre contre signature.

Sans accord exprès du locataire, aucun chantier ne peut avoir lieu les week-ends ni les jours fériés, selon les conditions générales du droit immobilier.

Le non-respect de ces obligations peut renforcer, pour le locataire, les motifs d’une demande de réduction ou même de résiliation anticipée du bail. En cas de doute ou en l’absence d’arrangement à l’amiable, le recours à un médiateur ou à un conciliateur de justice est une solution à envisager.

Constituer un dossier : preuves à réunir

La charge de la preuve revient toujours au locataire. S’il souhaite faire valoir une réduction, voire une suspension de loyer, son dossier doit être étayé. Voici une liste des éléments utiles :

  • Photos ou vidéos des zones de l’habitation rendues inaccessibles ou dégradées
  • Copies des échanges avec le bailleur concernant les travaux
  • Journal de bord des nuisances répétées (bruits, poussières, interruptions de service)
  • Attestations de voisins ou d’autres locataires du bâtiment

Ce type de documentation est crucial, surtout si un différend venait à être porté devant le tribunal. Les preuves doivent être datées et crédibles.

Délai légal pour agir : cinq ans

Le délai de prescription pour réclamer une réduction de loyer est de cinq ans. Cela signifie que le locataire peut effectuer une demande rétroactive, à condition de pouvoir prouver le préjudice et de ne pas avoir signé de clause de renoncement dans le bail.

Une telle clause, si elle existe, peut d’ailleurs être juridiquement contestée, car le droit au logement décent est considéré comme un droit fondamental.

Quand une réparation entraîne une revalorisation du bien

Dans certains cas, des travaux peuvent aboutir à une amélioration notable du logement, voire justifier une augmentation de loyer à la fin des rénovations. Cette situation nécessite une attention particulière, notamment en matière de notification du bailleur. Elle est traitée précisément dans notre article sur la réévaluation de loyer après amélioration d’un logement.

À qui s’adresser en cas de litige ?

En cas de désaccord persistant entre le locataire et le bailleur, il est possible de saisir la commission départementale de conciliation. Elle intervient à titre gratuit et permet souvent d’aboutir à un accord amiable, sans passer par une procédure judiciaire longue.

Si aucune solution n’est trouvée, le tribunal judiciaire peut être saisi, accompagné de toutes les pièces justificatives. Avant cela, certaines plateformes spécialisées comme Smartloc proposent un accompagnement juridique adapté à ce type de situation.

En définitive, bien que les travaux puissent perturber temporairement la vie du locataire, la loi prévoit des recours encadrés pour que chacun puisse faire valoir son droit à un logement décent pendant toute la durée du bail.

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LaRedac
Rédaction du site locama immobilier. Nos articles sont choisi par des passionnés de l'immobilier. La rédaction s'appuie sur des textes de loi, des références officielles ainsi que l'intelligence artificielle pour rédiger les articles du blog.

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